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Agenda

Evénement

le 6 juillet 2023

Réception de Marie-Chistine Haussy

Réception de Marie-Christine Haussy

Discours de Colette Brun-Castely

Chère présidente, chères et chers amis de l'Académie drômoise.

Ce fut un grand plaisir de vous présenter Françoise Bourdon lors de notre dernière réunion à Nyons. J'étais loin de me douter que nous allions accueillir, pour cette session de juillet, une nouvelle académicienne du sud de la Drôme, et qu'à nouveau, je serais chargée de faire le discours. Marie-Christine Haussy

nous avait fait le plaisir de commenter avec brio les tableaux de notre église Saint-Vincent. Cela lui a valu d'être sur les rangs d'une "nomination" à notre Académie. La voici sur le seuil de l'admission et me revoilà à la manœuvre. Je ne boude pas mon plaisir !

Marie-Christine Haussy-Troubat est bien connue dans les Baronnies et le Haut-Vaucluse pour son engagement dans les associations historiques, patrimoniales et du Savoir partagé, et pour l'excellence de son apport, qu'il s'agisse de ses articles ou de ses conférences.

Marie-Christine Troubat, arrière-petite-fille du dernier secrétaire de Sainte Beuve, est née à Antony, en région parisienne, où elle a fait ses études, où elle a travaillé et fondé une famille par son mariage en 1974 avec Roland Haussy. Deux enfants sont nés de cette union, Olivier et Ariane. La famille arrive dans la Région Rhône-Alpes à la faveur d'une mutation de Roland à Lyon. Le couple explore la région et a un coup de cœur pour le village de Condorcet situé à une dizaine de kilomètres de Nyons, où ils achètent une maison. Ils s'y installeront définitivement, en 1993.

La formation de Marie-Christine comporte deux phases : la première est consacrée à des études de chimie avec à la clé une profession de technicienne de laboratoire en bactériologie-parasitologie-hématologie, et ce, jusqu'en 1977. Sa passion pour les Arts demeurant toujours vive, elle intègre en 1980 et pour

quatre ans, l'École du Louvre. Dès lors, études, recherche et vie professionnelle se combinent dans cette deuxième phase : c'est ainsi qu'elle participe à des fouilles archéologiques à Catenoy dans l'Oise, de 1982 à 1990, sur site du néolithique et du bronze final, avec Jean-Claude Blanchet. Salariée de l'INRAP et du CNRS, elle participe à divers projets archéologiques jusqu'en 1993. Elle est aussi, à cette époque, membre du Centre de Recherches Archéologiques de la Vallée de l'Oise.

Une deuxième vie commence ensuite pour Marie-Christine à partir de 1993, dans le sud de la Drôme. Sa participation à la vie locale de Condorcet est Conséquente. Elle sera secrétaire de l'Association du vieux village de Condorcet, fondée en 1999. Elle participera à la création d'un sentier de découverte, à des

fouilles et sondages archéologiques d'une villa gallo-romaine. Elle sera élue conseillère municipale de Condorcet de 2001 à 2008.

Sa carrière d'historienne s'approfondit avec son implication à la Société d'Étude Nyonsaises (la SEN), fondée par notre cher ami Jean Laget. Depuis 2001, elle a publié une vingtaine d'articles dans la revue Terre d'Eygues sur des sujets aussi variés que la biographie de Marie-Jean-Antoine de Caritat, Plus connu sous le nom de Condorcet, l'inventaire du château de Sahune, la famille Ailhaud aux XVIIIe et XIXe siècle, les peintres de la région ou les lieux de sépulture à Nyons. Ces différentes recherches culminent avec la publication en 2017, d'un livre de 369 pages ayant pour titre Condorcet, Grande et petite histoire d'un village des Baronnies. Cet opus, de lecture aisée, prend appui sur une centaine d'ouvrages références. Il est nourri d'innombrables documents d'époque, comptes-ren-

dus de conseils municipaux, d'inventaires notariés, de cartes et photographies illustrant parfaitement le propos. Dix ans de travail ! Il constitue un ouvrage de référence pour les habitants du village mais également pour les historiens drômois et d'ailleurs. Dans l'avant-propos de son livre, l'auteure rend hommage à André Lacroix fondateur de la Société d'Archéologie et de Statistique de la Drôme, qui naquit à Hauterives en 1824.

Qui aurait dit que Marie-Christine Haussy soit accueillie au sein de l'Académie drômoise, ici même, presque deux siècles plus tard ? Quelle belle coïncidence !

Dans le prisme de ses compétences historiques, l'histoire de l'art est le domaine qu'elle affectionne le plus. Cette passion se décline en deux pratiques : celle du dessin, qu'elle considère comme un loisir et celle plus pédagogique du commentaire d'œuvres d'art à destination du public des musées, des églises, des sites remarquables ou de ses conférences. Elle aime partager l'émotion qu'elle ressent elle-même en découvrant une œuvre.

Par ses présentations à la fois claires et savantes, elle invite le visiteur à aller plus loin qu'une appréciation superficielle, à regarder les œuvres d'art avec curiosité. C'est ainsi que Marie-Christine nous a régalés dernièrement avec une conférence sur l'œuvre de Courbet, dans le cadre de l'Université Nyonsaise

du Temps Libre. Il y en a eu d'autres avant, une quinzaine, portant sur des sujets aussi variés que Le banquet dans l'Antiquité, Les peintes de la guerre de 14-18 ou L'art des jardins.

D'autres sont en préparation comme celle sur le peintre Doménikos Theotocopoulos, plus connu sous le nom du Greco, parti de sa Grèce natale pour exalter la foi de la très catholique Espagne, avec ses représentations mystiques et novatrices.

Infatigable érudite, Marie-Christine continue à se former. Membre du Félibrige, elle suit les cours de provençal et de paléographie dispensés par son aînée Vally Laget. L'adage qui ouvre son livre sur Condorcet : "La vérité appartient à ceux qui la cherchent et non à ceux qui prétendent la détenir" s'applique

parfaitement à notre nouvelle académicienne.

Nous l'accueillons volontiers dans cette assemblée où se côtoient des scientifiques, des littéraires et des artistes. Marie-Christine Haussy devrait s'y sentir à l'aise, car les Sciences, l'Histoire et les Arts, comme je l'ai souligné dans ma présentation, constituent bien trois cordes à son arc. Alors, bienvenue parmi nous !

Réponse de Marie-Christine Haussy

Madame la Présidente,

Mesdames les Académiciennes, Messieurs les Académiciens,

Chère Marraine,

En cet instant, j'aimerais partager l'émotion et exprimer la reconnaissance qui m'étreignent. Je suis extrêmement touchée de l'honneur qui m'est fait.

Je n'aurais jamais osé imaginer, intégrer l'Académie des Lettres, des Sciences et des Arts de la Drôme, et vous en remercie infiniment. J'espère pouvoir apporter une modeste contribution à vos travaux futurs même si je me sens un peu écrasée par le poids des ombres de ceux qui m'ont ici précédée. Si l'histoire de l'art est devenue une passion pour moi, je le dois à tous ces enseignants dont j'ai eu le bonheur de suivre les cours. Je me dois de leur rendre hommage aujourd'hui.

M. Quervelle, professeur de latin et de français au collège qui illuminait les arides déclinaisons par son admiration de-

vant la civilisation gréco-romaine.

Les conservateurs du Louvre, en particulier Mme Desroches-Noblecourt, M. et Mme Gaborit, M. Pasquier.

M. Erlande-Brandenburg, M. Joffroy et tant d'autres si brillants érudits n'oubliant jamais que l'histoire de l'art est celle des artistes détenteurs du mystère de la création.

Jean-Claude Blanchet, avec qui j'ai eu le bonheur d'être initiée à l'archéologie de terrain et avec qui je suis toujours en contact.

Jean-Claude Rixe qui m'a fait découvrir la participation au Felibre de mon arrière-grand-père.

Venue des brumes de la capitale il y a près de 30 ans, j'avais, en arrivant à Nyons, l'impression de retrouver une partie de mes ancêtres occitans. Puis sous la houlette de Jean Laget j'ai découvert l'histoire de la "Drôme provençale" ainsi j'ai pu modestement l'aider dans ses recherches. De plus je suis très attachée à la notion de transmission, faire découvrir des œuvres d'art au grand public, les rendre "lisibles" me semble indispensable en particulier dans le monde d'aujourd'hui.

Alors, être reçue ici, dans ce fantastique ouvrage réalisé par un modeste facteur m'amène ou plutôt me ramène à une réflexion sur la création, sur cette impulsion qui pousse certains êtres humains à créer.

Et particulièrement deux personnages, nés à la même époque : 1839 et 1836, Joseph Ferdinand Cheval et Joseph Fortuné Layraud, dans de modestes villages de la Drôme : Charmes-sur-l'Herbasse et La-Roche-sous-le Buis qui vont devenir célèbres. Leurs familles, modestes cultivateurs, ne leur peuvent leur offrir qu'une éducation sommaire.

- Joseph Ferdinand Cheval deviendra boulanger puis facteur et sa rencontre brutale avec une pierre "bizarre" conjuguée avec ses lectures des magazines de l'époque comme "le magasin pittoresque" l'entraînent à 42 ans, à imaginer et construire son "palais". Bien entendu il passera pour un gentil fou accumulant les cailloux. Aujourd'hui livres, film, chansons, expositions lui ont été consacrés et 250 000 visiteurs sont venus en 2022 visiter l'endroit !

- Pour Joseph Fortuné Layraud le chemin fut différent : adolescent berger, il rencontre des colporteurs vendant des statuettes et à son tour il façonne de petits personnages en terre. Le curé le remarque, contacte un oncle de Joseph, petit fonctionnaire à Marseille, ce dernier l'accueille et grâce à quelque argent que Joseph a gagné en braconnant, il peut suivre l'enseignement d'un peintre. Il deviendra Premier prix de Rome de peinture, et finira sa carrière comme dirigeant de l'académie de peinture de Valenciennes, mais aujourd'hui sa notoriété est très faible.

A Hauterives, il n'est pas permis d'oublier André Lacroix, qui y naquit en 1824. Et qui dira "Il n'est pas permis de passer à Hauterives sans visiter le travail de patience et de bon goût du facteur qui, n'ayant jamais reçu de leçon d'architecture, laissera après lui une œuvre fort curieuse".

Pour qui s'intéresse à l'histoire locale, les ouvrages du fon dateur de la Société d'archéologie et de statistique de la Drôme sont une mine d'or. J'y naturellement "puisé" lors de mes recherches sur l'histoire du village où je demeure et que Colette m'a fait l'amabilité de citer.

Après avoir rendu hommage à mes maîtres anciens, je me dois de remercier celles et ceux qui m'accueillent aujourd'hui, j'espère pouvoir apporter quelques modestes pierres, comme l'a fait notre facteur, à l'édifice commun de la connaissance de ce département si varié et si riche en talents.

Un grand merci à Madame la Présidente Annie Friche et à ma marraine Colette Brun-Castelly de m'avoir présentée à

cette Académie, ne pas les décevoir me stresse déjà...

Merci à mon époux, souffrant, qui ne peut être ici aujourd'hui mais qui m'a toujours soutenue.

Merci à vous tous pour votre présence aujourd'hui.