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Un nouvel assoupissement (1996-2000)

Frédérique Bon - qui va effectuer deux mandats de trois ans - a 74 ans lorsqu'elle accède à la présidence de l'Académie. Elle préside depuis longtemps le groupe de danse Empi et Riaume, a fait un travail historique sur sa famille (Nugues), et est présidente des Groupes Unesco de Rhône-Alpes.

L'AG revient chez Pic en 1995, 1996 et 1997 (célébration des 40 ans), mais pas en 1998 car le prix demandé était trop élevé ; en 1999, on renoue avec la tradition grâce à une concession tarifaire du restaurateur et à une participation de l'Académie au prix du repas. En 1999, Alain Balsan lance la Lettre de l'Académie, qui vise à établir un contact régulier avec les académiciens.

Cependant, l'examen des réunions montre que le dynamisme s'essouffle : il y a quatre réunions en 1994, trois en 1995 et 1996, deux en 1997, et une en 1998, en 1999 et en 2000. Aussi réapparait un malaise, et avec lui une interrogation sur l'intérêt même des académiciens pour leur compagnie. Alors le 29 octobre, Jean Berthon adresse à tous un courrier d'alerte (voir encadré).

 On ne peut être plus clair…

Seize académiciens répondent par écrit, deux par téléphone, donc dix-huit sur cinquante-cinq… Leur moyenne d'âge est de 77 ans, celle de l'Académie est de 76, et la lecture des réponses a dû quelque peu décourager ceux qui les ont lues :

  • Le docteur Frachette lance un réquisitoire violent : "Nos confrères qui ont, pour certains, une activité culturelle intense, ne semblent pas trouver plaisir à l'exprimer dans notre structure académique. Et ce qui me semble plus grave encore, c'est que ce n'est ni récent ni nouveau. L'Académie n'a-t-elle pas connu dans le passé plus de périodes de profonde léthargie (parce que l'on ne voulait pas reconnaître sa mort effective) que d'apparente activité ? Bref, comme je n'ai jamais été partisan de l'acharnement thérapeutique, au propre comme au figuré, je suis hostile au maintien en survie prolongée artificielle d'un patient au stade terminal dépassé. Je pense donc que le dernier avis que je puisse vous exprimer serait celui de débrancher le malade. Ce sera mon dernier avis, car je vous prie, madame la Présidente, de bien vouloir accepter ma démission d'une société qui a fait largement la preuve de son inutilité".
  • Un autre qualifie la compagnie de "Club du troisième âge". Il n'a pas employé le mot de mouroir, mais on devine qu'il n'en était pas loin.
  • Le peintre Pierre Palué - qui a fait partie de la première vague - est plus philosophe "Ça dure comme ça depuis quarante ans, ça a toujours été ainsi. Tous les gens aux noms prestigieux n'étaient jamais là ni aux réunions, ni aux sorties, pas par indifférence, ils étaient trop occupés ou habitaient trop loin de la Drôme. Il y avait toujours le brave Milhan (hélas malade en permanence), Pontiès et Varnet hommes absolument charmants mais pas tellement organisateurs (…). Il est bien difficile d'animer une société de 50 membres dont un tiers sont trop vieux, un tiers n'ont jamais eu d'activité marquante ; il reste un groupe de gens actifs, mais ceux-là s'occupent de trop de choses. (…). L'Académie c'est, et cela a toujours été, une sorte de galère où tout l'équipage somnole. De temps en temps quelques courageux essaient de donner quelques coups de rame, mais ça n'avance guère. Tant bien que mal, le bateau continue à flotter ce qui est déjà un beau résultat. À mon avis : pas de pessimisme exagéré, n'attendons pas de miracle, saisissons les occasions de faire quelque chose quand cela est possible. Le peu que nous faisons est utile ".
  • Les autres réponses se composent surtout de paroles aimables, de nouvelles familiales, d'encouragements sûrement sincères mais sans propositions, de suggestions hors propos ("demander à Jean d'Ormesson de venir faire une conférence") ou financièrement inconcevables ("instituer des prix annuels de poésie, de peinture, de sciences, de théâtre, assortis d'expositions et de publications"), de conseils de fusionner avec une autre société savante, ou la recommandation de prendre des sanctions contre les indifférents !

Néanmoins, trois idées constructives émergent (le mot émerge prend ici tout sons sens…) :

  • rajeunir l'Académie ;
  • la lancer dans une ouverture vers l'extérieur, par des conférences tenues régulièrement et ouvertes au public ;
  • et s'associer avec d'autres associations pour organiser des manifestations.

Aussi la réunion de crise tenue par le Bureau en décembre décide-t-elle :

  • de rajeunir le recrutement, et de désormais recruter en tenant compte de 3 critères :
    • la motivation du candidat,
    • sa notoriété,
    • son action passée.
  • de revenir à 4 réunions annuelles: l'AG statutaire, et 3 réunions à Valence, le samedi de 16 à 18 h, assorties d'une conférence.
  • d'organiser chaque année 2 réunions publiques.

La lettre de convocation pour l'AG de mars 2000 peut alors commence par :"Après un sommeil profond où elle semble avoir sombré, l'Académie Drômoise a fermement l'intention de se réveiller".

Seule la première "réunion publique aura lieu à Valence", avec conférence de Jean Durand. Puis l'Académie - qui manifestement avait pris goût à la promenade - repart en divers déplacements.

Courrier de Jean Berthon aux membres de l'Académie, 29 octobre 2000

"42 ans que l'Académie Drômoise a été créée par quelques hommes de bien, dévoués, dynamiques et passionnés d'humanité (…). Près d'un demi-siècle s'est écoulé ! Qu'en reste-t-il ? Nous avons pourtant dans nos rangs nombre de personnalités dont les qualités littéraires, scientifiques ou artistiques ne sont plus à prouver ! Mais nous ne les entendons plus ! Elles sont devenues muettes ! Elles n'écrivent même plus ! En effet, en essayant de réveiller l'Académie de son apathie, nous avons créé "La Lettre". Trois numéros ont paru. Ce sont les seuls… Aucun de nos confrères ne nous a envoyé le moindre texte pour construire un éventuel numéro 4 ! Que faut-il faire ? Hormis l'Assemblée Générale annuelle, où la plupart d'entre nous semblons beaucoup plus intéressés par la science de la gastronomie, les quelques manifestations que nous avons tenté d'organiser n'ont pas rassemblé plus d'une dizaine de participants (conjoints compris). Comment relancer une Académie que tout le monde semble bouder ? Quel pourra être le déclic ? Nous sommes ouverts à toutes les propositions, à toutes les idées et bien sûr à toutes les critiques. Dans cet esprit accepteriez-vous de nous faire parvenir celles-ci ? Poursuivre ou ne pas poursuivre ? Allons, chers amis, un peu de courage, essayez de retrouver un peu d'enthousiasme, celui des fondateurs. Vous n'allez pas tout laisser tomber ? "