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Agenda

Evénement

le 5 octobre 2013

Réunion d'automne à Pont-de-l'Isère

Dominique Douay, Lucien Dupuis

Le 5 octobre 2013 à Pont-de-l'Isère, dans le restaurant de Michel Chabran, l'Académie drômoise accueillait deux nouveaux membres, Dominique Douay et Michel Fano.

Réception de Dominique Douay. Discours de Lucien Dupuis

Dominique Douay est né en 1944 à Romans-sur-Isère… Bien que n'habitant plus la Drôme, il y revient régulièrement pour rendre visite à ses parents.

Élève du collège moderne de Romans alors hébergé dans les bâtiments du couvent de la Visitation, aujourd'hui, musée international de la chaussure, Dominique fait partie de la cohorte d'élèves qui inaugure en 1956 les locaux flambants neufs du lycée Triboulet. Après des études de droit à Lyon puis à Paris, il entre en 1970 dans la noble administration du Trésor public comme inspecteur du Trésor.

Sans doute pour s'évader de l'aridité des chiffres et des comptes, il se laisse séduire par le démon de la plume, que dis-je, de deux plumes !… L'une trempée dans la fiction et une autre dans le réel de l'engagement politique. Si je devais le caractériser en deux mots, je dirais que Dominique Douay est un contemplatif imaginatif… un rêveur actif…

"Parler du futur, dis-tu, c'est décrire le présent." Toute ta vie, tu seras les mains dans le cambouis et la tête dans les étoiles !

Dans les années 1970, pour ce qui est du réel, Dominique s'astreint à une discipline exigeante : pondre chaque semaine un éditorial pour Drôme-Demain, hebdomadaire socialiste. Georges Fillioud, son mentor, expert en expression journalistique à la plume acérée, l'initie à une écriture ramassée et percutante…

Mais Dominique a besoin d'évasion… Il va trouver cette respiration en écrivant de la science-fiction : en 1973, il publie sa première nouvelle, Les Ides de mars. Une seconde, Thomas, remporte le Grand Prix de la science-fiction française en 1975. C'est le début d'une décade prolifique en écrits. En effet, durant les années 1970, il publiera une dizaine de romans et de recueils de nouvelles. Il participe à des anthologies au nom évocateur Banlieues rouges, Retour à la terre 2, ou Planète socialiste. Pendant la même période, il publie également de nombreuses nouvelles, tant dans la presse spécialisée (Fiction, le magazine Galaxie, Univers...) que dans les quotidiens (Libération ou Le Monde) et écrit de nombreuses critiques, notamment pour Politique Hebdo et (À SUIVRE) dont il devient un collaborateur régulier au cours des années 1978-1982.

En 1981, Georges Fillioud, député de la Drôme et maire de Romans qui vient d'être nommé ministre de la Communication, fait appel à ses amis romanais. Dominique devient son chef de cabinet dans des bureaux installés… rue Saint-Dominique ! Il trouvera là matière à méditer sur une de ses préoccupations : les rapports des hommes au pouvoir qu'il abordait déjà dans ses écrits.

A l'issue de cette mission, en 1984, il intègre la Chambre régionale des Comptes de Rhône-Alpes comme magistrat. Il aura au sein de cette juridiction administrative nouvellement créée, à connaître et à traiter certaines affaires sensibles. C'est un domaine où la réalité dépasse parfois la fiction !... Toujours soucieux de s'évader des dossiers, il poursuit son travail d'écriture. Avec deux compères, il crée la collection "Fictions" aux Éditions La Découverte. Malgré sa courte existence, cette collection permettra de faire connaître de nouveaux auteurs, tant américains que français. Il participe également à la collection "Futurs" des Éditions de l'Aurore.

Je ne parlerai pas de tous les ouvrages publiés par cet auteur prolifique, je m'attarderai un peu plus longuement sur l'un d'entre eux qui lui tient plus particulièrement à cœur. Car avec cet ouvrage, Dominique Douay se lance dans un genre littéraire peu commun…

Ami et voisin du peintre montilien Michel Maly, membre de l'Ecole lyonnaise de peinture, Dominique écrit en 1988, un livre intitulé Les voyages ordinaires d'un amateur de tableaux. Alors qu'ordinairement, le peintre illustre le roman, ici, le roman a été imaginé par l'écrivain à partir de croquis et de toiles du peintre… Le personnage principal n'est autre que Maly lui-même. Ainsi écris-tu dans la préface : "Il existe, entre peinture et littérature, une frontière imprécise, une zone d'interactions où ces deux disciplines, loin de s'ignorer avec superbe, se fortifient l'une l'autre, renforcent ensemble leur pouvoir sur l'imaginaire."

Ce n'est pas un hasard si Dominique et son ami Maly se sont engagés dans cette voie… Leur complicité a débridé les visions du peintre et stimulé l'imagination de l'écrivain pour tisser une histoire à partir de toiles éparses… Lorsque nous en avons parlé, tu m'as précisé que pour toi, (je te cite) "ce livre occupe une place à part, d'abord parce qu'il s'agit d'une très beau volume, toilé, sous emboîtage et fait "à l'ancienne" dans la mesure où les reproductions des toiles de Maly ont été collées sur les pages du livre, (procédé qui permet d'utiliser des papiers différents pour le texte et les reproductions), ensuite et surtout parce que Maly est un cher et vieil ami."

En 1989, ce beau livre paru aux éditions Valpress te vaut le prix spécial de la science-fiction française. Amateur de beaux livres, j'aurais bien aimé me le procurer… pas trouvé…

Hélas, les années 1990 marqueront une rupture provisoire avec l'écriture, Dominique se contente de publier en 1995, un ouvrage professionnel Les chambres des comptes, guide du justiciable et du contrôlé… Pendant cette période, Dominique Douay se consacre à l'enseignement et à la formation : enseignement à l'université, notamment comme maître de conférence associé à l'Institut d'Etudes Politiques de Lyon, formation d'élus locaux et de fonctionnaires territoriaux dans les pays d'Europe de l'Est, pour le compte de l'Union européenne, puis en Afrique francophone et lusophone pour le compte de la Fondation Jean Jaurès.

En 2002, il quitte Lyon et poursuit sa carrière à la chambre territoriale de la Polynésie Française jusqu'à sa retraite en 2006.

Dominique ne revient à l'écriture qu'en 2008, suite au défi lancé par un ami aujourd'hui décédé, avec une nouvelle : Chambre d'hôte publiée par la revue Fiction.

Dans son dernier roman La Fin des temps, et après, Éditions Denoël, paru en 1990, qu'il situe dans la ville de Lyon à laquelle il est très attaché, Dominique Douay décrit en particulier les traboules, ces passages parfois secrets qui passent d'un immeuble à l'autre. Ces tribulations lui permettent d'évoquer l'un des thèmes qui lui est cher et qui l'obsède : le voyage à travers le temps.

Dans ce voyage à travers le temps, mon cher Dominique, nous sommes heureux de te retenir un moment sur tes terres drômoises et de t'accueillir ici et maintenant dans le réel de l'Académie drômoise des Sciences, des Arts et des Lettres.

Réception de Michel Fano. Discours d'Annie Friche

Patrick Ollivier-Elliott a eu la bonne idée d'organiser pour l'Académie en juillet 2013 une sortie d'été à Mérindol les Oliviers et c'est là que nous avons rencontré Michel Fano, qui nous a accueillis à bras ouverts. C'est donc Patrick le "découvreur" si j'ose dire… de celui que nous recevons aujourd'hui, et cette rencontre coïncidait parfaitement avec nos travaux de l'année sur les artistes de la Drôme.

J'avoue être tombé sous le charme de cet homme rieur et courtois et de son domaine de la Drôme du Sud. Ce village de Mérindol, qu'il a restauré avec son ami Maurice Le Roux, une maison qu'il a reconstruite pierre à pierre, dominée par un beau clocher et une église qui lui sert de studio d'enregistrement. Car nous accueillons aujourd'hui un Drômois de cœur, qui a choisi la Drôme du Sud depuis longtemps déjà, puisqu'il avait 25 ans quand il a commencé à s'intéresser au village abandonné de Mérindol et qu'il avoue vouloir y finir sa vie. Sa fiancée de l'époque lui avait fait découvrir les coins secrets du vieux village dont il est devenu aussi amoureux.

Déjà, ces travaux de restauration quasi surhumains et son attachement viscéral à la Drôme lui valent bien une entrée à l'Académie…

Mais il a bien d'autres mérites.

Nous étions allés à Mérindol pour rendre un hommage posthume à son ami Maurice Le Roux, chef d'orchestre qui avait succédé à l'Académie à Charles Mayeux, vendéen comme lui.

Rappelons qu'avant d'être directeur du Conservatoire de musique de Romans et un temps président de l'Académie, Charles Mayeux était violoniste aux concerts Colonne à Paris.

Et j'ai trouvé alors parfaitement injuste qu'à l'époque, on n'ait pas pensé à Michel Fano.

C'est donc d'une façon rétroactive que nous rendons hommage au musicien d'avant-garde, peut-être un peu trop moderne pour des oreilles académiques, qui aurait dû être honoré depuis bien longtemps par l'Académie. Mais il n'est jamais trop tard pour bien faire.

Michel Fano est le fils du financier René Fano et de Margret Ellinger qu'il épouse à Shangai en 1911. Il nait le 9 décembre 1929 et il est le dernier d'une fratrie de six enfants.

Il se marie en 1972 à Paris et a un fils Dominique Fano-Renaudin, chef monteur de sons.

Il a fondé en 1959 la Société Aura films et son fils aujourd'hui l'accompagne dans cette aventure.

En consultant Internet, la bible de notre époque moderne, je me suis dit que j'avais eu bien de l'audace de lui proposer d'entrer dans notre académie, car nous avons affaire à une sorte de génie de la musique. Et je crois que c'est la première fois que nous allons lire dans un discours des extraits d'un article du dictionnaire Larousse

Ecoutez plutôt…

Au conservatoire national supérieur de musique de Paris, il est l'élève de Messiaen et de Nadia Boulanger. Fin théoricien, il obtient des premiers prix de musique de chambre dans la classe de Pierre Pasquier, d'harmonie dans celle de Jean Gallon, de fugue dans la classe de Noël Gallon, de composition dans celle de Tony Aubin et d'esthétique et d'analyse musicale dans la classe d'Olivier Messiaen. Il devient le complice de Pierre Boulez, mais on le trouve aussi dans un genre plus accessible comme pianiste d'Henri Salvador. En 1950, il compose la musique de la chanson douce "Léger", sur des paroles de Michel Bernard.

A la fin des années 1950, il rencontre Alain Robbe-Grillet pour un projet qui ne s'est finalement pas réalisé, l'adaptation des Gommes. Et ce sera le début d'une grande amitié et d'une relation féconde avec l'écrivain phare du Nouveau Roman. Michel Fano écrira la " partition sonore" de la plupart de ses films (et non des musiques de films… il insiste…) de l'Immortelle, dont il est aussi le producteur en 1962 à Glissement progressif du plaisir en 1975. Il s'attache à produire un nouveau langage musical qui sera encore plus sophistiqué dans les films animaliers de François Bel et Gérard Vienne, Le territoire des autres en 1971 dont il est aussi le coréalisateur et La griffe et la dent en 1975, pour lequel il obtient le grand prix technique du festival de Cannes en 1976.

Parallèlement, il écrit de nombreux articles sur la musique moderne et contemporaine et collabore avec Pierre-Jean Jouve pour une étude sur Wozzeck d'Alban Berg (Paris, 1953)

D'autre part, Michel Fano a été chargé de cours de 1967 à 1972 à l'Institut national du spectacle à Bruxelles, de 1971 à 1974 à la faculté de Vincennes et en 1973 à l'I. D. H. E. C. Il est responsable du département Recherche à l'Office de création cinématographique.

Il est chevalier de la Légion d'honneur et officier des arts et lettres.

Je voudrais pour terminer vous conseiller de consulter son site qui, dans l'espace Empreintes, cite en vrac Sénèque et Epicure, Proust et Régis Debray. Et je crois que cette citation de Sénèque résume bien le personnage :

Une pensée toujours sur le qui-vive car il y a une décision à prendre à chaque instant pour persévérer dans son être

Cher Michel Fano, nous sommes particulièrement honorés de vous accueillir dans la section arts de notre Académie et je suis très fière de vous "marrainer".

Je souhaite simplement que cette entrée à l'Académie drômoise vous rende, vous le Parisien de naissance, drômois à part entière et fasse connaître à la Drôme la valeur et la fidélité de l'homme qui a choisi notre département comme terre de retraite et dernier refuge.

Diaporama

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Réception de Michel Fano

Réception de Dominique Douay