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Agenda

Evénement

le 8 octobre 2022

Réception de Didier Vadrot

Discours par J.B. Cotton

C'est un plaisir pour moi de parrainer monsieur Didier Vadrot pour son entrée à l'académie.

Notre première rencontre en 2014 avait un caractère professionnel lorsque ses deux filles, Marie Koyuki et Lydia Mizuki m'étaient amenées en consultation.

Sans trahir le secret professionnel, c'était le "repos du pédiatre"… Elles étaient accompagnées de leur maman japonaise Yoshimi, une impression d'heureuse harmonie (déjà une référence musicale !). Marie, violoniste, entre en quatrième cycle. Lydia, pianiste, entre en troisième cycle. J'étais impressionné par ailleurs, car ces deux enfants épanouies rentraient de vacances au Japon où elles avaient été scolarisées pendant deux mois. Actuellement parfaitement bilingues français/ japonais écrit et oral, elles parlent également couramment anglais.

Didier Vadrot est né à Chalon-sur-Saône en 1957. Il a fait des études primaires et secondaires et très tôt il est entré à l'école de musique (devenue CNR du Grand Châlon), où il est lauréat du concours général en 1985.

Dans son riche CV, on est frappé par ses engagements multiples : Interprète au saxophone et musique de chambre, directeur d'orchestre, directeur de conservatoire, compositeur.

- Comme interprète, de nombreux prix.

Fondation Gianadda, musique de chambre de Martigny en Suisse, 1992

Conservatoire national supérieur de Paris. Premier prix de saxophone 1991. Premier prix de musique de chambre 1992.

Concours interne de musique de chambre H. Sauguet 1993.

- Carrière de concertiste :

Concert à Cuba en 1997, Taiwan, Corée du sud, et même à Pyong Yang en Corée du Nord, Mayence… Et surtout le Japon avec de très nombreux concerts et tournées jusqu'en 2015. C'est au cours d'une de ces tournées qu'il rencontre en 2003 son épouse Yoshimi Yasuda, saxophoniste réputée qui s'est orientée vers le piano et surtout le clavecin.

- Diplôme d'Etat de Directeur d'orchestre en 1998.

Direction de l'orchestre symphonique de Valence.

- Musicien d'orchestre au Vénézuela, Orchestre du Capitole de Toulouse, Philarmonique de Saint-Pétersbourg entre autres.

- Lauréat du concours de Directeur d'établissement artistique.

En poste 19 ans à Autun.

De 2008 à 2012, directeur adjoint du CNR de Besançon (1700 élèves, 100 professeurs).

Puis CRC d'Aix-les-Bains et enfin CRD de Valence Romans agglo en 2014 (1800 élèves, 112 professeurs).

C'est là que se situe notre deuxième rencontre car à travers Capucine, ma petite-fille, j'ai pu apprécier la prise en charge remarquable de vos élèves. Prise en charge exigeante, enthousiaste, l'occasion pour moi de vous en remercier.

- Comme compositeur.

Publication d'œuvres, harmonisations, arrangements, transcription. Aux éditions spécialisées H. Lemoine à Paris.

Création. Nagy quintette de saxophone en 2004. Henyo saxo alto seul à Zapporo février 2005.

- Discographie. Henri Sauguet musique de chambre 1996 avec Anne-Catherine Garnier au piano. Ensemble saxo de Lyon, 1990. Orchestre symphonique à vent de Bourgogne (direction Jean-Pierre Fouchécourt) 1986.

- Loisirs. Lecture, voyages en Asie, Randonnées, Karaté Do Dhotokai.

Nous sommes tres heureux de vous accueillir à l'académie drômoise déjà riche en musiciens.

En souhaitant pour nos prochaines réunions un intermède musical.

D'avance merci.

Réponse de Dider Vadrot

Merci cher Jean Benoit pour cette présentation qui me touche particulièrement.

Je vous remercie chaleureusement pour m'avoir proposé de rejoindre cette académie drômoise qui compte des personnalités de grandes valeurs, j'en suis très honoré.

Mais je dirais que ce n'est pas seulement et uniquement un CV et la liste des diplômes qui font la valeur d'un homme ou d'une femme. C'est pour moi surtout ses expériences, et ses rencontres.

J'aimerais revenir sur quelques moments,

En premier lieu revenir et compléter cette période tellement heureuse en tant qu'étudiant au CNSM de Paris, une période où j'ai pu rencontrer des personnes qui ont compté, qui ont marqué la vie d'un jeune étudiant de 21 ans qui venait de sa petite Bourgogne natale.

Le travail étroit et très proche avec des créateurs comme Edison Denisov, Karlheinz Stockhausen (pendant plusieurs mois) pour la création de Linker Augentanz, Betsy Jolas avec "Plupart du temps 2" pour violoncelle, voix de ténor et saxophone ténor, et puis avec des maitres dont j'ai suivi les masterclasses avec gourmandise (Pierre Boulez, pour la direction, mais aussi Yehudi Menuhin, etc.). Mon premier professeur de de saxophone Jean Paul Fouchecourt, qui a ensuite embrassé une carrière prestigieuse de chanteur, a contribué à me propulser dans le monde de la musique.

Tout cela marque la formation d'un artiste et reste en mémoire pour la vie.

Les concours internationaux ont été également très importants comme expérience (le concours H Sauguet présidé par Pierre Berger, le concours Pierre Lantier, celui de Martigny…).

Je me suis en effet passionné pour la musique française et j'ai toujours voulu faire la promotion de mon instrument avec cette musique française originale peu connue mais tellement subtile et pleine de finesse, tout en défendant la transcription et les arrangements en faisant éditer plusieurs ouvrages chez les éditions Lemoine à Paris.

L'étude de la direction d'orchestre auprès de Philippe Cambreling, puis d'autres maîtres comme Jean-Sébastien Béreau, ont orienté ma carrière, sans vraiment le vouloir.

De plus en plus passionné par l'orchestre, j'ai laissé un peu de côté la scène en tant qu'instrumentiste pour la direction d'orchestre, et l'enseignement pendant 19 ans, vers la direction de conservatoire.

Malgré tout, mon plus beau souvenir en tant que saxophoniste a été la tournée avec l'orchestre philharmonique de Saint-Petersbourg dans lequel je jouais en tant soliste au sein de l'orchestre, les danses symphonique de Rachmaninov avec l'immense Yuri Termikanov à la baguette qui a été très chaleureux avec moi.

Je terminerai par un petit retour sur mes voyages…

Celui de la Corée du Nord a été un choc assez important.

Nous sommes en 1998. Ce doit être le quatuor Debussy qui doit partir ; et puis leur agent nous contacte pour savoir si l'on veut représenter la France dans ce festival de printemps des "amitiés culturelles" Avec discussion et hésitation, on se décide. C'est oui !

A l'époque, la Corée du Nord était en pleine famine, avec des milliers de morts. Le régime au bord du gouffre appelait à l'aide et voulait s'ouvrir au monde et organisait donc un festival en commémoration de la mort du grand Leader en avril, le festival de printemps des "amitiés internationales" si on peut le traduire ainsi.

Je vous passe tout le cérémonial et tout ce que nous avons dû faire là-bas : la censure avant chaque concert, les écoutes dans la chambre d'hôtel, les passeports confisqués, l'anxiété permanente, la surveillance, la visite de la momie du grand Leader, le parcours de lieux et visites guidées obligatoires, le couvre- feu dès 18h00, et mon imprudence de sortir de l'hôtel seul en voulant prendre quelques photos, ce qui aurait pu me coûter très cher si mon guide "Kim" ne m'avait pas sauvé du pétrin avec la milice qui m'avait coincé. Enfin la population que l'on voyait de la chambre d'hôtel, cherchant à manger, mangeant probablement des insectes à même le sol, les chauffeurs de bus, pleurant lorsque nous leur donnions en cachette des œufs durs et des biscuits, qui étaient dans nos loges de musiciens…

Il faudrait que j'écrive un mémoire sur ces trois semaines dans ce monde complètement fermé et inconnu.

Les concerts étaient une mascarade de propagande avec des salles de 6000 personnes pleines à craquer et des projections de photos de propagande pendant notre prestation. Nous étions utilisés à notre insu pour faire croire à la population que les pays du monde étaient venus pour la Corée du Nord et venaient jouer pour le grand leader. Une expérience inouïe qui m'a fait beaucoup réfléchir. J'en garde encore une profonde émotion !

Pour finir, un de mes plus beaux souvenirs de voyage à l'étranger après le Japon, bien entendu où j'ai rencontré mon épouse, a été le Kirghizistan pays très pauvre, perdu dans les steppes de l'Asie centrale avec au loin la chaine de l'Himalaya. J'ai pu partager des moments forts avec la musique traditionnelle Kirghize, en jouant avec des musiciens d'une grande gentillesse et de grand talent.

Tous ces voyages ont été très importants pour moi, jusqu'au dernier pays que j'ai découvert et que j'ai eu la chance de visiter en délégation en octobre 2018, l'Arménie, magnifique paysage, magnifique culture et traditions, histoire poignante et tragique et qui vit encore des heures sombres. L'Arménie, je m'y suis senti tout de suite chez moi et véritablement bien comme si j'y étais déjà venu….

A Valence depuis 2014, je souhaite continuer à défendre l'enseignement artistique pour tous les jeunes sans démagogie et en les poussant le haut le plus possible de leur capacité pour qu'ils se réalisent et qu'ils se dépassent, en leur offrant et en leur transmettant le meilleur.

Un autre projet me tient à cœur : la création de l'orchestre symphonique que je dirige avec mes enseignants et des musiciens professionnels drômois, orchestre que je souhaite faire exister, promouvoir, et pérenniser sur la Drôme et l'Ardèche.

Merci à l'académie drômoise pour son écoute et son accueil.