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Agenda

Evénement

le 9 octobre 2021

Réception de Pierre Morel

Discours par Alain Balsan

Cher Ami,

Chers consœurs et confrères,

J'ai longtemps cru qu'il fallait dire Excellence lorsque l'on s'adressait à un ambassadeur mais, vérification faite sur les traités de savoir-vivre, ce titre ne concerne que les ambassadeurs étrangers.

Et pourtant, le terme d'excellence est tellement approprié à votre biographie !

Vous êtes né le 27 juin 1944 à Romans, le jour de la reddition de Cherbourg, d'André Morel et de Jeannine Vallernaud, deux représentants de familles bien connues dans la région Valentino-romanaise. Vous êtes le neveu d'Henri Rochegude qui a été un des membres notables de notre académie et qui vous avait fait nommer membre correspondant de notre académie en 1968 ce qui fait que je procède aujourd'hui davantage à une confirmation qu'à un baptême, si je puis m'exprimer ainsi en présence de Mgr Planet.

Excellence de vos études, à Romans d'abord. Vous n'avez pas le goût de la médecine, pourtant dominante familiale, et êtes heureux de voir votre frère cadet Jean-Jacques s'y consacrer. Je souligne au passage que votre frère est aussi sculpteur de talent car l'art sous toutes ses formes est toujours présent au sein de votre famille.

Vous entrez à hypokhâgne au Lycée du Parc à Lyon, où vous avez la chance de trouver Jean Lacroix qui a marqué des générations d'élèves, puis partez pour Paris où vous êtes admis à Sciences-Po et où vous obtenez une licence en droit avant d'entrer à l'E.N.A. de 1969 à 1971.

Excellence de votre carrière diplomatique d'une rare densité dont vous attribuez les germes à votre goût des cartes géographiques et des voyages en famille à l'étranger, en Allemagne, en Italie...

Dès la sortie de l'E.N.A. vous êtes nommé au Quai d'Orsay. Cinq ans après, vous êtes secrétaire puis conseiller d'ambassade à Moscou. 1979 vous voit chargé des affaires européennes au S.G.C.I. puis à la Présidence de la République. En 1985 vous êtes directeur politique au Quai d'Orsay puis ambassadeur à la Conférence du désarmement à Genève, conseiller diplomatique à la Présidence de la République, ambassadeur de France à Moscou en 1992, en 1996 à Pékin et en 2002 près le Saint Siège En 2006 vous êtes représentant spécial de l'Union européenne pour l'Asie centrale et pour le conflit en Géorgie (2008-2011) puis depuis 2014 coordinateur pour l'O.S.C.E. du dialogue politique dans le conflit en Ukraine.

J'ai voulu faire court mais on peut lire un très instructif entretien de juillet 2013 dans la Revue électronique du Centre d'histoire de Sciences-Po (n° 21).

Cette carrière d'excellence est illustrée par sept distinctions françaises et étrangères dont je ne citerai que les deux plus prestigieuses : vous êtes commandeur de la Légion d'honneur (cette dernière promotion date du mois de juillet dernier) et de l'ordre national du Mérite.

Sur le plan personnel, vous avez eu la douleur de perdre votre épouse, Olga Bazanoff, ministre plénipotentiaire. Vous avez trois enfants : Alexis, diplomate actuellement en disponibilité chez Thalès, Anissia Morel-Tugendhat, maître des requêtes au Conseil d'État, conseiller juridique à l'Ambassade de France à Londres et Adrien, juriste de banque à Hong Kong. Eux aussi ont recueilli le virus de l'expatriement.

Vous-même voyagez toujours beaucoup mais vous avez désormais un pied à Paris, rue du Bac, et un pied dans la Drôme, à Roussas.

On aurait pu vous affecter à la classe des Lettres de notre académie pour vos traductions de l'essayiste et romancier allemand Ernst Jünger dont nous apprécierions que vous évoquiez l'œuvre à l'occasion d'une conférence, mais c'est votre qualité de président de l'APAS, l'Académie Provençale des Amis de Stuttgart qui justifie votre appartenance à la classe des arts. Depuis trente ans, cette association invite des jeunes musiciens de grande qualité qui travaillent deux semaine sen août et donnent quatre ou cinq concerts, notamment à Roussas. Soulignons au passage que l'APAS est partenaire du festival Saoû chante Mozart auquel vous me savez personnellement attaché.

Je me permettrai de clôturer ce court propos en évoquant la mémoire d'un autre Pierre Morel que j'ai rencontré au hasard de mes recherches d'histoire locale. Ce docteur agrégé de l'université de Valence, un temps avocat, embrasse l'état ecclésiastique et devient chanoine de la cathédrale Saint-Apollinaire de Valence et des collégiales Saint-Pierre du Bourg et Saint-Barnard de Romans.

On l'a d'ailleurs longtemps donné comme vous natif de Romans, dans le XVe siècle mais Brun-Durand affirme à juste titre qu'il était originaire de Valence.

Jouissant, dit-on, d'une fortune considérable pour l'époque, le chanoine Pierre Morel ouvre le 19 janvier 1541 dans le quartier de la Rivière à Valence, la basse-ville, un "hospital des femmes vefves et filles qui se retireront de lubricité, et pauvres jassinières, appelé de la Magdeleine". C'est-à-dire un refuge pour les prostituées revenues à de meilleurs sentiments et pour les femmes en couches sans ressources. Un mois plus tard, le 19 février 1541, il affecte une maison rue Pérollerie et son entier contenu, au logement et à l'entretien de treize jeunes gens pauvres de la province venus étudier le droit civil et canonique à l'université de Valence, qui se succèderont de sept ans en sept ans. Ce collège royal delphinal, longtemps cité en exemple, ne devait guère survivre à son fondateur.

Peut-être existe-il un lien familial entre ce personnage et vous-même.

Cher Ami, bienvenue dans notre modeste académie qui n'a compté qu'un ambassadeur, que vous avez d'ailleurs bien connu, Jacques de Blesson, membre fondateur, mort en décembre 2001 un mois avant son centième anniversaire et qui repose à Charmes-sur-l'Herbasse.