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Réception de Johannès Melsen

Le 14 janvier 2017, à Montélimar, l'Académie drômoise accueillait un nouveau membre, Johannès Melsen

Discours de réception par Bernard Foray-Roux

Madame la présidente
Mes cher(e)s collègues

Il a fallu que cela tombe sur moi ! Je suis le premier a qui j'ai entendu la présidente dire: "Le programme est surchargé alors pour ton discours d'intronisation, sois bref !"

Bref, moi un des plus grands bavards d'entre nous et sur un sujet aussi vaste !

Vaste et passionnant !

Songez que je vais, d'un coup, d'un seul, faire baisser la moyenne d'âge de l'Académie mais aussi en augmenter singulièrement la taille moyenne (et ce n'est ni moi, ni Jean-Noël qui vous diront le contraire). Je vais aussi respecter cette bonne vieille tradition française qui veut que nous dérobions des artistes belges pour en faire des génies français.

Soit, je serai bref !

Je commencerai par vous cacher comment un vendeur d'extincteurs d'incendie, doté d'un BTS de Chimie, est devenu un des papes de la scène underground bruxelloise.

Je ne vous expliquerai pas non plus ce qu'est un orthopédagogue et ce qu'il trafiquait dans une école d'art dramatique ou comment il s'est retrouvé à Francfort à s'occuper de marketing et d'événementiels.

Que je vous parle de la trentaine de pièces de théâtre (de Tchekhov à Ionnesco en passant par Anouilh ou Collodi) qu'il a mises en scène et parfois écrites, n'y comptez pas !

Peut-être espérez-vous que je vous raconte ses programmations artistiques de Beersel à Johannas en passant par Poët-Celard ? Que nenni !

Ah! vous aimeriez savoir comment, installé en Drôme depuis 1987, il a su transformer un village perché en station balnéaire ou en centre de thalassothérapie ? Je n'en dirais pas un mot.

Comment a t-il pu créer le Sentier International des Huguenots de Poët-Laval à Bad Karlshaffen sur 1600 km ? Je resterai de marbre et je n'évoquerai même pas la création d'un événement national comme les Nouvelles du Contes à Bourdeaux.

Ses livres, ses spectacles, ses films ou comment il a fait pour me tirer des larmes par deux fois, cette année, en me faisant voyager de la Grèce, par le théâtre, au Vietnam, grâce aux marionnettes.

Rien, vous ne saurez rien !

Ah j'oubliais sa merveilleuse compagne,Barbara Hunziker, une potière de grand talent et ses adorables enfants Jules, Lou et Laura ! Motus et bouche cousue !

Vous pouvez les oublier ! Ou alors il vous faudra vous rendre jusqu'au Poët-Celard et vous arrêter dans cette ferme paisible, paradis des animaux, pour prendre le temps, autour d'un verre, de découvrir et de discuter avec ce merveilleux poète, mon ami, Johannes Melsen.

Trois minutes, Madame la présidente, je ne vous ai pris que trois minutes ! Je ne pouvais pas faire mieux mais gare! maintenant car les Belges quand on leur passe la parole sont des orateurs mesurés !

Pour l'heure, mes chers amis, je vais vous demander d'accueillir dans notre docte Académie et sous vos applaudissements, celui qu'il conviendra que vous appeliez, désormais et comme tous ses amis, "Wannes" !

Réponse de Johannès Melsen

Madame la Présidente,
Mesdames, Messieurs les Académiciens,

C'est avec un certain regret que je délaisse la prétérition proposée par Bernard, figure de style très intéressante et efficace. Mais il faut bien me résoudre à esquisser ici brièvement quelques clefs de compréhension pour ce parcours de vie. En le qualifiant de "discontinu" je verserai pour le coup dans une parfaite litote ! Quand j'entends Bernard énumérer mes réalisations, cela me donne l'impression que je n'ai finalement fait qu'accumuler des expériences disparates sans aucun lien les unes avec les autres. D'ailleurs un jour mon père m'a dit "Tu as tout fait à l'envers, mais le sens est le bon".

A vous d'en juger :

J'ai été élevé à Bruxelles dans un environnement familial que j'intitulerais d'assez favorisé mais très paradoxal. Mon père d'origine danoise et de milieu très modeste, néerlandophone, fonctionnaire, socialiste et athée, travaillait en tant que cadre technique dans la centrale électrique locale. Ma mère aux origines espagnoles plus éloignées mais sacrément, le mot est faible, plus présentes, faisait partie de la bourgeoisie francophone de Bruxelles. Propriétaire d'une entreprise de matériel de protection incendie, elle était politiquement engagée dans le parti francophone catholique qui dirigeait la ville.

Je vous assure que la cohabitation n'a pour moi plus aucun secret. C'est dans une ambiance très vive de négociations, de compromis, de conflits ouverts mais aussi de dialogues, d'ouverture culturelle, d'engagements sociaux, de tolérance… et d'amour, qu'ils nous ont montré pour quoi s'enthousiasmer plutôt que contre quoi se battre.

Bien évidemment il aurait été préférable qu'étant l'ainé d'une fratrie de quatre enfants je m'enthousiasme pour l'affaire familiale.

Cela n'était pas mon choix et je me suis orienté vers les sciences de l'éducation et le spectacle vivant dont le théâtre, la didactique, les pédagogies différenciées, l'orthopédagogie. Une formation de metteur en scène et une solide expérience en matière de logistique de l'événementiel m'ont permis d'entamer alors un parcours de création hétéroclite et international, fait de mises en scènes, de directions artistiques de festivals, d'interventions dans les écoles primaires, secondaires et supérieures, d'interventions marketing pour des entreprises, d'interventions pour l'audiovisuel, pour les collectivités territoriales, de projets artistiques avec et pour des enfants, avec des jeunes en difficultés et de médiation.

Cette itinérance à travers les Pays Bas, la Suède, l'Angleterre, l'Allemagne, l'Italie, la Suisse, la Belgique m'a aussi conduit dans la Drôme où j'ai rencontré ma compagne suisse. Nous nous sommes installés au Poët Célard où les enfants ont grandi.

Mais je suis resté profondément urbain et toujours très heureux que les actions actuellement menées m'obligent à continuer l'itinérance. Si la Drôme n'était pas un choix lors de mon arrivée mais un lieu d'intervention parmi d'autres, elle s'imposa vite comme une option délibérée de nous installer dans ce pays "ressource" qui a bien voulu nous accueillir et qui intègre une richesse humaine et naturelle qu'après 30 ans nous continuons de découvrir au gré des projets et des rencontres.

A mon humble niveau, j'essaie de participer, avec les acteurs locaux, aux actions culturelles, sociales et économiques pour le développement de ce territoire et le bien- être de ses habitants. Dans le cadre de ces actions j'ai eu le plaisir et l'honneur non dissimulé de travailler avec plusieurs d'entre vous.

Aussi c'est un honneur pour moi d'être reçu parmi vous, et j'essaierai d'être à la hauteur des actions entreprises par cette Académie.

Je vous remercie pour votre attention.

Diaporama

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