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Daniel Faucher

Fiche de

FAUCHER (Daniel), instituteur, puis docteur en géographie, professeur et doyen de la faculté des Lettres de l'Université de Toulouse, né à Romans le 3 février 1882, rue Saint Nicolas, dans la vieille ville, fils de François Faucher, artisan ébéniste, et de Virginie Arbod, sans profession. Après des études en tant qu'élève-maître à l'Ecole Normale de Valence, il obtint un poste d'instituteur à l'école primaire supérieure de Loriol.-sur-Drôme où, en mars 1907, il épousa Jeanne Caillet.

Au cours d'une inspection il impressionna par la qualité de son enseignement le recteur Petit-Dutaillis qui le poussa à entamer des études supérieures. Inscrit à l'université de Grenoble, il rencontra Raoul Blanchard qui devint son maître et avec lequel il entretint une solide relation d'amitié. Blanchard le fascinait par l'importance qu'il donnait dans la démarche géographique à l'étude sur le terrain.et au contact des hommes.

En 1914-1918, il prit part à la guerre en tant qu'officier d'artillerie sur le front de Salonique. dont il revint avec la Légion d'Honneur, mais aussi avec des accès de paludisme.

Nommé professeur à l'Ecole Normale de Valence où sa carrure et sa vitalité devinrent légendaires, il reprit son cursus universitaire et prépara une thèse de doctorat sur "Les plaines et bassins du Rhône moyen entre Dauphiné et Provence". Associant la lecture des archives au parcours systématique de l'espace situé entre le défilé de Tain-Tournon et Bollène, il fut à même de soutenir sa thèse en 1927. Dès avant cette soutenance, en 1926, il avait été chargé de cours de géographie à la faculté des Lettres de Toulouse.

Il allait devenir un des Maîtres de la géographie française. Concernant sa discipline, un de ses textes nous affirme qu'elle "est une quête délicate et difficile de tout ce que lui apportent les disciplines voisines ayant leur méthode et leur objet" et qu'elle "ne reste elle-même qu'en se faisant à la fois plus humble et plus ambitieuse en n'oubliant pas qu'elle est science de l'homme et de ses rapports avec la nature, qu'elle n'est ni toute la nature, ni tout l'homme, mais l'un et l'autre à la fois". Il fut surtout un Maître de la géographie agraire, dont il pensait qu'elle ne peut pas " se résoudre à un commentaire de statistiques, à un jeu de graphiques et de courbes", estimant au contraire, que "son attitude doit être avant tout préoccupée de l'homme et de son œuvre, de ce qu'il crée et de ce qui le crée", qu'elle " est nécessairement rattachée à son passé et orientée vers son avenir" et que "c'est par la qu'elle pénètre le présent et lui donne sa valeur propre".

Il poursuivit son enseignement dans cette faculté de Toulouse, dont il allait devenir et rester le doyen jusqu'à sa retraite en 1952. A Toulouse, il a laissé un héritage éloquent. En effet, dès 1929 il fonda la RGPSO, Revue Géographique des Pyrénées et du Sud-0uest, (aujourd'hui "du sud-ouest européen"). En 1953, l'Université de Bordeaux s'associa à celle de Toulouse pour la publication de cette revue dont la guerre n'avait pas interrompu la parution. On lui doit aussi l' Institut de géographie de Toulouse, la création conjointement avec Gorges Duby de la faculté des Lettres d'Aix-en Provence, puis du Collège de France des "Etudes Rurales", Il a également laissé un "trésor" sous la forme d'une collection de photographies prises de la fin du XIX° siècle à 1950. Elles sont aujourd'hui la propriété exclusive du département de géographie de l'Université de Toulouse-Le Mirail : il s'agit de quelque 600 plaques consacrées à la France, avec, entre autres, des vues aériennes de Toulouse, un ensemble intitulé "un été à Biarritz" et des vues de montagne, notamment des Hautes Alpes. S'y joignent 70 clichés de Pologne (pris entre 1910 et 1940) et des Pays Bas.

Après son départ à la retraite, survenu en 1952 et assombri par le décès de son épouse, il prolongea ses recherches, personnelles, ses publications et la direction d'étudiants engagés dans un processus de thèse. Et il continua de s'intéresser aux œuvres universitaires. Il était membre de la Légion d'Honneur et le seul géographe correspondant de l'Institut. Il a laissé le souvenir d'un professeur à la fois exigeant et humain. Lors des nombreuses sorties sur le terrain, il acceptait, mais seulement après le temps de l'étude et du sérieux, de participer aux moments de joyeuse détente déclenchés par les étudiants.,

Très dévoué à son enseignement universitaire, il participa avec une ardeur comparable à la vie de la cité. Déjà, lors de son séjour à Valence, il militait à la Ligue des Droits de l'Homme et à la Ligue de l'Enseignement. Au moment de la guerre d'Espagne il s'investit beaucoup dans la mise en place de structures d'accueil et d'aide destinées aux réfugiés républicains. Il fut aussi un résistant de la première heure au régime de Vichy et à l'occupation allemande de 1942. A Toulouse, il organisa l'accueil des étudiants étrangers : une résidence universitaire porte son nom, comme, par ailleurs un complexe sportif reconstruit après l'explosion AZF et une école élémentaire. Sur le plan culturel, il était membre ou président de plusieurs associations et, notamment, président de la Fédération historique de la région toulousaine. Et il parcourait les villes et campagnes du Sud-Ouest à la recherche de nouveaux thèmes.

A la fin de sa vie il était revenu dans sa Drôme natale. Sa fille et son gendre, Mme et M. François Gay, également enseignants en géographie, l'avaient réinstallé dans sa "maison d'attache" de Vaucourte sur le territoire communal de Loriol, Il y est décédé le 17 juillet 1970, à l'âge de 88 ans.

Louis Papy, professeur à l'Université de Bordeaux écrivit alors "La géographie française vient de perdre un des maîtres qui ont contribué à la définir et à assurer son prestige international"

Daniel Faucher a laissé une bibliographie considérable. Comme Raoul Blanchard et Jules Blache, il appartenait à cette génération de géographes de la première moitié du XX° siècle dont les travaux de géographie humaine, remarquables de précision, de perspicacité et d'honnêteté, sont devenus des sources historiques extrêmement précieuses. Il est vrai que s'ils penchaient pour la géographie, dont ils étaient devenus "docteurs", ils avaient une formation d'historiens. A cette époque l'agrégation de géographie et les études afférentes n'existaient pas : elles sont postérieures à la seconde guerre mondiale.

Le numéro 440 des " Annales de Géographie" daté de juillet-août 1971 (LXXX° année) propose, pages 385-396, la notice nécrologique de Louis Papy et une bibliographie très complète. Ces pages sont accessibles via Google ("Bibliographie Daniel Faucher"). On y trouve la référence de nombreux ouvrages, et de multiples articles, de comptes rendus de lecture et de nécrologies. Il avait publié des textes dans de très nombreuses revues dont la Revue de Géographie Alpine, la Revue des Pyrénées et du Sud-Ouest, les Etudes Rurales, le Recueil des travaux de l'Institut de géographie alpine, ou le Bulletin de la société d'Archéologie et de Statistique de la Drôme. Il s'agit notamment de près de 150 articles de géographie régionale de la France Dans notre BASD il a rédigé des chroniques de géographie drômoises (années 1919, 1929, 1931, 1933, 1935, 1937, 1940). Diverses revues ont accueilli des sujets drômois et ardéchois parmi lesquels la Plaine de Valence, la Montagne de Crussol, les Forêts des montagnes de la Drôme, le Pays de Quint, l'état agricole du département de la Drôme au début du XIX° siècle ou les régions agricoles du département de la Drôme, le recensement de 1936 dans la Drôme… Une bonne vingtaine d' articles évoquent l'étranger, notamment des pays des Balkans, de la Péninsule ibérique, ainsi que l'URSS…).

On peut privilégier ici cinq ouvrages majeurs :

"Plaines et bassins du Rhône moyen entre Bas Dauphiné et Provence".(Thèse)Paris, Armand Colin, 1927, 670 p.

"Géographie agraire. Types de cultures", Paris, Medicis, 1949, 382 p.. Il s'agit de la refonte d'un travail de 1935, publié à Lisbonne. De 1935 : successivement Formes primitives de l'exploitation agricole, cultures sédentaires avec jachères, cultures continues par accumulation du travail humain, cultures intensives par assolements ; de 1949 : "cultures vivrières de base", cultures pour l'élevage, jardins et vergers, la vigne, les cultures pour l'industrie".

"Le paysan et la machine", Paris Editions de Minuit, 1954, 280 p.1954

"La vie rurale vue par un géographe", Toulouse, Institut de Géographie de la Faculté des Lettres, 1962, 316 p. 1962

"L'homme et le Rhône", Gallimard, 1968, 402 p.