Agenda
Evénement
le 7 octobre 2017
Réception de Gilbert Schlogel
Le 2 juillet 2017, à Saou, l'Académie drômoise accueillait un nouveau membre, Gilbert Schlogel
Discours par Edmond Estour
Madame la Présidente, mes chers confrères, Cher Gilbert,
Tu nous arrives d'une célèbre Académie ensoleillée de pro- vençaux, au son des fifres et des tambourins et tu es reçu au milieu des chèvres dans la forêt montagneuse de Saoû, par des Voconces, des Allobroges et des Ségaloniens !
Pour être Académique, et nous nous devons de l'être... mais sans être pédants bien entendu ! je vais plagier le grand Plutar- que et vous conter deux "vies parallèles" en bien des points… non pas entre un romain et un grec, mais entre un médecin parisien et un médecin lyonnais exerçant au siècle dernier... Souviens toi Gilbert !
En 1932, c'est l'insouciante avant guerre. Tu nais à Paris de parents parisiens. Peu d'années après, je te suis en ce bas monde dans la maison de mon grand père à la limite du Lyonnais et du Beaujolais. Nous allons connaître ensemble l'huile de foie de morue la drôle de guerre, les restrictions durables, les études, la faculté.
En 1957, c'est le couronnement de tes étude et la joie. Tu es nommé à l'Internat des Hôpitaux de Paris, sésame de la car- rière de chirurgien ou d'universitaire... La même année, je suis nommé dans la capitale des Gaules.
1959, c'est la période troublée de la guerre d'Algérie. Alors que beaucoup de fils de patrons, de préfets et même de géné- raux se font réformer, nous résilions nos sursis et nous embar- quons sur le "Ville de Marseille" pour la "pacification", armés de nos seuls bistouris… Tu seras à Alger à l'hôpital Maillot et en antenne chirurgicale et moi-même, à Bizerte, au très actif bloc opératoire de l'hôpital maritime de Sidi Abdallah… Trente mois puis quatre ans d'Internat, trois ans de clinicat, les années passent...
Et en 1968, c'est le grand foutoir démagogique, politique, administratif et hospitalier. Nous sommes tous les deux chirur- giens généralistes libéraux plongeant dans la vie active. C'est aussi l'année où notre ami Philippe Mouret quitte l'Hôpital Édouard Herriot et s'installe en privé à Lyon.
En 1970, tu es recruté pour la construction d'une grosse cli- nique dans le Nord Parisien. Un retard dans l'ouverture te voit à Saint-Tropez, capitale estivale de la France dorée, opérant à la célèbre clinique du Golfe pour un remplacement d'été de trois mois... tu vas y rester plus de vingt ans ! La clinique du Golfe alterne quatre mois de surchauffe estivale et huit mois paisibles qui te donneront des loisirs et te permettront de rencontrer une clientèle de choix : René Clair, André Roussin, Romy Schneider pour sa césarienne, Bardot et Vadim entre autres.
Mais c'est Dominique Lapierre, patient devenu ton ami, qui va te pousser à occuper tes loisirs en écrivant ton premier roman sur le métier de chirurgien "De l'autre coté du bistouri".
Édité en 1981 par Pierre Belfond, il te vaut Bernard Pivot et "Apostrophes" où tu es remarqué par Olivier Orban avec lequel tu publieras deux livres. Ton quatrième roman Le Malingot, à nouveau chez Belfond, obtient le Prix des écrivains médecins et donne un téléfilm sur FR3 avec l'acteur Julien Guiomar. Les années passent !
Années 90. Lassé et inquiet de l'évolution de la chirurgie, les spécialisations, la révolution cœlioscopique et aussi grisé par tes premiers succès, tu décides de te lancer dans une grande œuvre historique romancée racontant l'évolution de la chirurgie de la fin du xviiie siècle à nos jours : ce sera la Saga des Princes du sang. Elle te vaut le succès et un contrat séduisant chez Fayard pour toutes tes œuvres à venir ! Devenu écrivain à part entière et à temps plein, tu dois abandonner sans trop de regret la chirurgie. Mais c'est là que nos vies parallèles, qui avaient semblé diverger, vont se rapprocher à nouveau. Pour le dernier épisode "Dr. Hemme" (M pour Mouret) relatant les débuts de la cœlio-chirurgie, tu dois te rapprocher et tu deviens l'ami de ton héros, mon très proche confrère Philippe Mouret, créateur de la discipline. Ainsi nous ferons connaissance et je te reverrai à l'un des vingt cinq "Vidéos forum de Cœlio-chirur- gie de Valence" où tu viendras présenter tes ouvrages.
En 1992, écrivain reconnu, tu prends ta retraite à Aix-en- Provence: tu écriras douze romans pour Fayard.
En 1996 Rage de flic obtient le Prix du quai des Orfèvres puis Victoire ou la douleur des femmes est suivi d'un téléfilm en trois épisodes avec Nadine et Marie Trintignant.
Cette activité foisonnante est naturellement couronnée en 2005 par un bel infarctus du myocarde qui va te calmer pour quelque temps.
Car depuis 2001, tu es membre de l'Académie d'Aix et avec tes amis provençaux, tu te consacres à des conférences et à l'écriture d'ouvrages édités en commun. Tout ça te vaudra d'être fait Chevalier des Arts et Lettres en 2010. Mais en 2008... Coup de tonnerre ! Philippe Mouret, en pleine activité professionnelle en Italie et au Vietnam, nous quitte en quelques semaines. Une dernière publication va s'imposer à toi, la biographie de notre ami commun, qui fut responsable d'une véritable révolution des pratiques chirurgicales. 2017 est en effet le 30e anniversaire de l'opération historique de la "vésicule sans ouvrir" qui va bouleverser la chirurgie, ouvrant l'ère cœlioscopique, pour laquelle en France nous nous sommes battus longtemps contre tous, université et Sécurité sociale, mais
que les chirurgiens américains ont qualifiée de deuxième Révolution Française. C'est chose faite. Le livre Philippe Mouret une (R)évolution par la cœlio-chirurgie est en librairie ce mois ci.
J'en profite pour saluer Michelle, ici présente, qui pendant 32 ans, indispensable, fut à la fois ta muse, ta secrétaire, ton infirmière, ta conseillère juridique avisée…et bien plus encore !
Et aujourd'hui nos vies parallèles qui avaient divergé se rapprochent à nouveau puisque J'ai l'honneur et le grand plaisir de t'accueillir dans notre compagnie.